Ernest Hemingway : L'adieu aux armes

19/07/2015

Note : Vous lisez une fiche relativement ancienne, elle sera probablement moins riche que les critiques les plus récentes ! 

Présentation et résumé

Note : ayant lu la version anglaise, il se peut que les traductions que vous retrouvez dans cette critique ne correspondent pas au mot près à celles de la version française.

 Ernest Hemingway est un auteur américain marquant du XXème siècle, de par sa vie d'aventurier comme de par son style d'écriture, qui influença beaucoup ses contemporains. Il fut récompensé de son travail d'écrivain en 1954, lorsqu'il reçut le prix Nobel de littérature.

 


L'adieu aux armes est le troisième roman d'Hemingway, publié en 1929. Frederic Henry, lieutenant et ambulancier américain qui s'est porté volontaire dans l'armée italienne durant la Première Guerre Mondiale, raconte à la première personne ses expériences. Il s'agit d'une histoire fortement inspirée par l'expérience d'Hemingway car il a lui-même été ambulancier volontaire dans l'armée italienne. La description qui est faite de la guerre et de son impact sur les populations est donc au plus proche de la réalité.

Analyse

Attention, révélations quant au déroulement de la narration.

 L'histoire se déroule en plusieurs mouvements : dans le premier, on suit le héros - alternativement appelé par son nom italien, Frederico Henrico, ou son nom américain, ou parfois tenente, '' lieutenant '' en italien - au front, qui parle avec ses camarades et semble s'occuper de ses tâches avec un certain détachement. 

 Lors d'une mission, le héros est blessé à la jambe et est envoyé à l'hôpital, où il rencontre Catherine Barkley, avec qui commence très bientôt l'histoire d'amour qui remplacera peu à peu la guerre. Cependant, une fois rétabli, il retourne au front et, très vite, la débâcle italienne le contraint à prendre la route avec ses hommes pour retourner chercher d'autres instructions. Sur la route, il se fait arrêter par un groupe d'italiens qui exécute systématiquement les officiers, et il s'enfuit. Il retrouve sa femme Catherine, qui est enceinte, et remonte jusqu'en Suisse avec elle où, l'hiver venu, elle doit accoucher. Le bébé meurt avant d'avoir été sorti du ventre de sa mère et l'accouchement, long et douloureux, aura raison de Catherine.

Ce résumé peut vous sembler aride. Pourtant, il me semble d'un style adapté à l'oeuvre. Hemingway est célèbre pour son écriture dépouillée, sans superflu, sans mot en trop ni excès d'emphase ; c'est ce qui avait forcé mon admiration dans Le vieil homme et la mer. En revanche, j'ai ici l'impression que la recherche du dépouillement a été poussée trop loin, et qu'elle nuit à l'histoire.

 Avant de critiquer ce livre, je tiens tout de même à rappeler que L'adieu aux armes est considéré comme un des plus grands romans de langue anglaise du XXème siècle. Toutefois, ce n'est pas cette étiquette qui me forcera à apprécier l'oeuvre.

 On retrouve deux caractéristiques majeures de l'écriture d'Hemingway à travers ce texte : la première est que les héros boivent beaucoup d'alcool, et tout le temps ; la seconde, plus sérieuse, est que très peu d'émotions sont clairement indiquées. Les dialogues ne reportent que les mots, pas les attitudes des personnages ; de même, la plupart des situations ne s'intéressent qu'aux faits, et Hemingway laisse à son lecteur le soin de comprendre et d'interpréter chaque réaction, de comprendre l'émotion à travers les mots et le contexte.

 Il s'agit d'une des raisons pour lesquelles ce livre ne m'a pas réellement plu : à vouloir trop réduire, Hemingway nous a fait perdre tout sentiment d'attachement envers les personnages. Ils sont là et s'acquittent de leurs tâches ; s'ils n'étaient pas là, quelqu'un d'autre le ferait à leur place. Pourquoi devrait-on préférer Frederic Henry à quelqu'un d'autre ? Qu'a-t-il de plus ? Bien peu de choses. Il ne semble pas être courageux, pas être méchant, pas être brave ou bête, ni vraiment généreux ; s'il fait ce qu'il fait, il semble que c'est plus parce qu'il doit le faire, ou parce qu'il est destiné à le faire.

 Si l'on peut dire qu'il est d'un certain cynisme par rapport à la guerre, c'est aussi parce qu'encore une fois il ne semble pas prendre parti. Il ne sait pas vraiment pourquoi il est ici ; il ne semble pas savoir grand chose, se contentant à réagir à chaque situation telle qu'elle lui vient.

 L'histoire d'amour est également peu captivante. Les personnages sont certes très attachés l'un à l'autre, mais tout cela manque de charme ; les dialogues m'ont personnellement déplu, ne révélant que des débordements d'amour peu touchants.

 En conclusion, il s'agit d'un livre qui ne m'a pas grandement intéressé car il m'a semblé trop terne : ce n'est pas un roman de guerre ni un traité contre la guerre, il y a une histoire d'amour dans laquelle on ne voit pas de romantisme, et le style, à chercher sans cesse l'épuration, rend la lecture par moments presque désagréable. Assurément, certains passages sont très intéressants, mais l'oeuvre dans son ensemble est peu marquante.

Citations

[NB : il s'agit de traductions personnelles, donc non officielles]

Des mots abstraits tels que l'honneur, le courage ou la consécration étaient obscènes à côté des noms des villages, des numéros des routes, des noms des rivières, des numéros des régiments et des dates.

C'était comme une court de justice. On ne voulait pas quelque chose raisonnable, on voulait quelque chose technique et on s'y tenait sans explications.

Le paysan a du bons sens parce qu'il a été vaincu dès le commencement. Donnez-lui le pouvoir et vous verrez ce que deviendra son bon sens.

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