Antoine de Saint-Exupéry : Lettre à un otage
Note : Vous lisez une fiche relativement ancienne, elle sera probablement moins riche que les critiques les plus récentes !
Présentation et résumé
Antoine de Saint-Exupéry est un écrivain et aviateur français. Né en 1900, mort en 1944 descendu par un avion allemand durant une mission, il a vécu une vie animée et chargée d'aventures et d'histoires qu'il a un talent particulier pour raconter. Son livre le plus connu est bien entendu Le petit prince, un conte pour enfant qui peut se lire à tout âge, mais il a également écrit plusieurs romans contant ses aventures ou décrivant ses réflexions.
Lettre à un otage (1940) est un très court essai dans lequel Saint-Exupéry, fuyant la France et la guerre, offre quelques méditations qui confirment un certain humanisme chez cet auteur. L'histoire - et les réflexions - prennent place à bord d'un bateau chargé d'hommes et de femmes dans la même situation que lui, que Saint-Exupéry analyse dans un premier temps avec une sincère pitié, avant de nous expliquer pourquoi il sait qu'ils ne vivent plus vraiment.
Analyse
Durant cette traversée, on ne peut que trop bien imaginer un Antoine de Saint-Exupéry amer, qui nourrit quelques pensées désabusées sur ces personnages voyageant avec lui, qui luttent contre le désespoir en essayant de se convaincre eux-même en même temps que les autres que leur situation n'a jamais été si enviable.
Il compare ainsi Lisbonne à ces personnes, Lisbonne dont le casino continue de fonctionner alors que l'ennemi est à ses portes. Lui, nous dit-il, a porté le deuil de son dernier ami mort ; selon lui, il ne faut pas leur refuser la mort (voir citation 1).
Le véritable poids de l'exil, selon Saint-Exupéry - et c'est ici que perce l'amour profond que nourrit l'auteur envers les Hommes -, c'est qu'aucun ami cher à son cœur ne l'attend dans ce nouveau pays ; personne ne vendra au milieu de la nuit nécessiter son aide, et il ne pourra partager de moments uniques en Amérique comme il a pu en avoir en France. Pour lui, le bonheur réside dans le sourire heureux et sincère de mariniers inconnus qu'il avait un jour invités à sa table : voici, pour lui, la réelle définition de ce qu'il appelle l'esentiel : un sourire.
Il raconte ensuite qu'il s'est fait capturer par des rebelles, une fois, durant la guerre d'Espagne, et que, dans d'autres conditions - bien plus dramatiques -, c'est encore une fois un sourire qui a semblé rompre la glace qui s'était formée entre lui et ceux qui auraient pu être ses bourreaux.
Il se sert, enfin, de cet impératif du sourire et du bonheur pour critiquer les états totalitaires : en effet, si ceux-ci peuvent pourvoir à nos besoins matériels, ils ne pourront nous donner le respect de l'Homme et ce qui en découle - rappelons que ce livre a été écrit en 1940, sombre époque pour ceux qui prônaient le respect de l'Homme.
Cet essai prétend donc persuader, c'est à dire à nous faire épouser sa pensée par les sentiments ; il veut persuader le lecteur que l'on ne peut accepter un état totalitaire comme ceux qui dévoraient alors l'Europe, pour la simple raison que l'on n'y respecte pas l'Homme. Et c'est pourquoi tout cet essai s'adresse au plus grand des otages de l'époque : le peuple Juif. « Vous êtes les saints. » conclut donc Saint-Exupéry, dans une ultime illustration de sa profonde compassion pour les juifs maltraités en France et en Europe.
Cet essai constitue donc un bref traité d'humanisme et de tolérance, écrit comme toujours dans un style très poétique propre à son auteur. Il s'agit, pour conclure, d'une belle réflexion menée sur l'homme et la valeur de l'humanité.
Citations
Des morts on doit faire des morts
Nous sommes les fidèles d'une même Eglise, tel et ses coutumes, moi et les miennes.
Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente.